Le 15 janvier 1934, le temps est à la neige. Le trimoteur L’Émeraude s’écrase dans une prairie de Clamecy. Ses occupants sont tués sur le coup. Trois d’entre eux sont connus des Français : Pierre Pasquier, gouverneur général de l’Indochine, Emmanuel Chaumé, directeur général de l’aviation civile et Maurice Noguès, aviateur rennais et cadre dirigeant de la toute jeune compagnie Air France.
Né à Rennes le 31 octobre 1889, Maurice Noguès est un casse-cou. Courageux, aventurier, il est sans doute l’un des premiers aviateurs brevetés en 1909. Cinq ans plus tard, en 1914, le Rennais entre dans la troupe. En février 1915, il devient pilote de chasse dans l’escadrille Spa 73 du groupe des Cigognes, dont il prend le commandant en 1918. Blessé à deux reprises, médaillé militaire, chevalier de la Légion d’honneur, il est quatre fois cité à l’ordre de l’armée.
À la fin du conflit, Maurice Nogues devient pilote de ligne et chef pilote au sein de la compagnie Franco-Roumaine, grâce à Albert Deullin, son camarade de guerre. Dès 1923, le Breton lance les premières navettes commerciales entre l’Europe centrale et la Russie. Il étudie les plans de vol et donne de lui-même sur les liaisons entre Paris-Bucarest-Belgrade, Paris-Ankara, Paris-Zurich-Vienne. Grand serviteur de l’aviation civile, il se consacre bien vite au développement des lignes françaises vers l’Orient, connues sous le nom de Maurice Noguès.
En février 1930, à bord d’un Farman 190, Maurice Noguès effectue un Paris-Saigon. En 1931, il inaugure le premier service commercial aérien régulier France-Indochine. Fort de ce succès, il est nommé directeur général adjoint de la compagnie nationale Air France. « Ce chef était d’une droiture et d’un ascendant incontestés, qui restera l’une des plus pures et des plus nobles figures de l’aviation française », rapporte sa citation à l’ordre des nations. L’initiateur des lignes aériennes commerciales et des vols de nuit a été inhumé au cimetière de Locmaria à Belle-Isle-en-Terre. Il est porté en terre par ses camarades d’Air France, dont Mermoz et Pichodou. Un timbre-poste fut dessiné par Pierre Gandon en 1951.
Infos + : « J’insiste sur le fait que Maurice Noguès est le pionnier mondial du transport de nuit. », confie Max Hymans, président d’Air France, le 7 mars 1956. « Mais il fut bien plus que cela, en vérité : un vrai chef, équitable et juste, exemplaire, adulé par le personnel de sa ligne. S’il offrait parfois un visage fermé, cette apparence trompeuse dissimulait un homme attachant. Et l’on peut s’étonner que la France ne l’ait jamais honoré… »