Créé en 2021, le Pass Culture permet aux jeunes d’accéder à des offres culturelles, avec une part individuelle pour les 15-18 ans et une part collective dédiée aux établissements scolaires. Cette dernière art finance notamment des sorties au théâtre, au cinéma, dans les musées, ou encore des interventions d’artistes et d’auteurs, en classe.
Le gel soudain de la « part collective » du Pass Culture a provoqué une onde de choc dans les lycées et collèges scolaires et le monde culturel. Destinée à financer des projets artistiques pour les collégiens et lycéens, cette aide, désormais limitée, suscite une vive inquiétude parmi les enseignants et les acteurs locaux du secteur. Jusqu’ici, ce dispositif était un levier essentiel pour développer l’éducation artistique et culturelle dans les collèges et lycées. « C’est une véritable chance pour nos élèves. Ces rencontres avec des artistes ouvrent l’esprit et offrent des expériences uniques », témoigne Stéphanie Quenet, professeure de musique au collège Gisèle Guillemot à Mondeville, sur France 3 Normandie.
Fin janvier, les chefs d’établissement ont reçu un mail : le budget alloué à la part collective du Pass Culture était gelé jusqu’à la fin de l’année scolaire. Seuls 10 millions d’euros restent disponibles jusqu’en juin, obligeant les établissements à valider en urgence leurs projets déjà engagés. « Des centaines de programmes vont tomber à l’eau », indique un acteur rennais.
Face à la grogne, la ministre de l’Éducation nationale a tenté de rassurer en annonçant la réouverture prochaine de la plateforme de réservation Adage, tout en précisant que seuls les projets déjà validés seraient subventionnés. Elle justifiait cette mesure par une explosion des demandes depuis le début de l’année. « Près de 50 millions d’euros ont été mobilisés en quelques semaines, soit les deux tiers du budget prévu pour 2025 », a-t-elle déclaré devant les députés.
Si le succès du dispositif est indéniable — 80 % des élèves du secondaire ont bénéficié d’une action culturelle grâce au Pass en 2023 —, sa pérennité est désormais questionnée. Une mission d’évaluation a été lancée pour garantir une répartition plus équitable des fonds. En attendant, dans les établissements scolaires, c’est l’incertitude qui domine. « On nous demande d’enseigner l’ouverture, mais sans moyens, comment faire ? » s’interroge une professeure de lycée. Dans les prochains mois, le monde éducatif restera vigilant face aux arbitrages budgétaires qui détermineront l’avenir de ce dispositif.
