Jean-Paul Le Tensorer est un flic à l’ancienne. Il fut le chef de la police judiciaire de Rennes, de Dijon, de Rouen et de Bordeaux. À l’âge de la retraite, il aurait pu fréquenter les plateaux de télévision et donner son avis sur les grands faits-divers. Que nenni, il a préféré écrire, mettant noir sur blanc ses expériences et révélant les coulisses de ses enquêtes dans Le Tigre et l’Hermine. Avec une plume alerte, loin de la novlangue habituelle, il captive son auditoire, en livrant les dessous des affaires, parfois agrémentés d’anecdotes croustillantes. « C’est écrit comme j’aime, c’est-à-dire sujet, verbe, complément. C’est simple, c’est rapide, c’est concis », assure un de ses lecteurs.
Loin des romans policiers de gare, Jean-Paul Le Tensorer délivre sa vérité dans un livre qui se lit comme une grande enquête. Parfois, il a la dent dure contre certains journalistes en quête de scoop. Parfois il s’offusque des décisions d’un magistrat. Mais jamais il n’oublie ses hommes. Au fil des pages, il livre les patronymes de ceux qui l’ont encouragé ou de ceux qui l’ont aidé dans les investigations. « C’est mon histoire, mais avec les équipes qui m’entouraient, des gens soudés et toujours disponibles », confie-t-il.
Une plongée dans les grandes affaires criminelles
Durant de nombreuses années au service de l’ordre et de la justice, Jean-Paul Le Tensorer a enquêté sur certaines des plus grandes affaires judiciaires de notre temps. Au fil des pages, il revient notamment et longuement sur le dossier Lucie Beydon, poignardée dans un appartement de la rue Gambetta à Rennes. « Ce fut une enquête qui m’a hanté jusqu’à sa résolution grâce à la “Rolls des preuves” : l’ADN. Ce fut un soulagement et un apaisement pour les proches. »
Ce qui est important chez nous, c’est la cohésion. Et puis, l’humour aussi. Savoir en mettre même dans les moments tragiques, c’est ce qui permet de tenir. »
Pour les amateurs de faits-divers, les lecteurs retrouveront Xavier Dupont de Ligonnes, la cavale sanglante de Lionel Cardon, l’incendie du Parlement de Bretagne, l’affaire Cons-Boutboul et même l’enlèvement avorté du président du Stade rennais. « Nous sommes passés des délinquants traditionnels à une activité criminelle plus organisée», précise-t-il. « Maintenant, on embauche des gamins de 15-16 ans pour aller tirer des coups de fusil, c’est d’une violence inouïe. Avant, les criminels avaient leurs codes, à présent c’est sans foi ni loi. Il y a eu une bascule vers 1995 où le banditisme s’est transformé en narcobanditisme. »
Parfois même, Jean-Paul Le Tensorer fait son mea culpa. « À titre personnel, je m’en veux d’avoir suspecté le père d’une victime, de l’avoir placé en garde à vue. Soupçonner un papa d’être impliqué dans la disparition, voire la mort de son enfant, ça m’a marqué. J’y pense encore. » Bien qu’il ait servi dans plusieurs villes de France, Jean-Paul Le Tensorer est toujours resté profondément attaché à la Bretagne où il partage son existence entre Brest et Rennes. Mais chut, c’est son jardin secret. Avec Le Tigre et l’Hermine, Jean-Paul Le Tensorer livre un témoignage puissant, oscillant entre récits policiers, mémoire personnelle et réflexion sur l’évolution du crime. Un livre brut, intense, sincère. Disponible dès maintenant en librairie. Jean-Paul Le Tensorer, Le Tigre et l’hermine, aux éditions Ouest-France au prix de 21 euros.
