À l’heure où les enjeux énergétiques redéfinissent l’usage des équipements publics, l’avenir de la patinoire Le Blizz, lieu sportif et de loisir emblématique à Rennes, cristallise les débats politiques. La municipalité s’apprête à renouveler sa délégation de service public (DSP) avec l’exploitant SPL Citédia. Mais derrière ce renouvellement à première vue purement technique, se dessine une réflexion plus large : quel sort pour cet équipement énergivore, dans une ville engagée dans sa transition écologique ?
« Dans notre convention, il est prévu d’affecter 2 000 heures de glace pour les trois clubs hébergés ainsi que pour l’accueil des écoles élémentaires », rappelle l’adjoint au maire, Sébastien Séméril. « Notre exploitant inscrira son action dans le cadre du plan de sobriété environnementale. Il procédera au déglaçage des deux pistes, olympique et ludique, entre le début du mois de juin et la fin septembre. (…) Cela nous évitera une consommation énergétique excessivement supérieure à la moyenne acceptable. »
Membre de l’opposition, Antoine Cressard (Révéler Rennes) soutient la délégation de service public à condition qu’elle permette de pérenniser les pratiques actuelles et d’empêcher une fermeture brutale, envisagée par certains élus écologistes. « La patinoire est un lieu à la fois sportif et de loisir populaire, très fréquenté et apprécié par ses usagers, attachés à ses nombreuses activités, notamment la glisse. Plus de 940 000 entrées ont été enregistrées entre 2018 et 2023, avec une hausse de 17 % entre 2018 et 2022. »
Le Blizz a vu émerger une nouvelle pratique : la glisse urbaine, avec le roller, qui a rencontré un franc succès durant les périodes de déglaçage, rappelle Lucile Koch.
Mais pour les élus écologistes, ces chiffres ne suffisent pas à justifier le maintien du modèle actuel. « Le Blizz est l’un des équipements les plus énergivores de la ville. Sa consommation équivaut à celle de près de 3 000 habitants, soit autant qu’une commune comme Saint-Erblon ou Romillé », souligne Lucille Koch. Si elle reconnaît les effets positifs du déglaçage estival — qui a permis d’économiser près d’un million de kilowattheures en 2025, soit environ 25 % de la consommation annuelle —, elle appelle à aller plus loin. « À moyen terme, la transformation du Blizz pourrait permettre de maintenir un équipement sportif et social à vocation festive pour la jeunesse, tout en l’ouvrant à des pratiques moins énergivores. Une telle évolution représente une petite révolution. Mais elle suppose d’être anticipée, concertée et planifiée. Nous regrettons, à ce titre, que l’étude sur l’avenir du Blizz n’ait pas envisagé un tel scénario, malgré nos demandes. »
Interpellé par ses partenaires écologistes au sein de la majorité municipale, Sébastien Séméril préfère temporiser. Il semble glisser sur une autre piste. « Il faudra un travail conjoint entre nous et Citédia, pour réfléchir à une rénovation énergétique du lieu. L’enjeu, c’est de trouver le meilleur moyen d’exploiter cet équipement de manière optimale. Le Blizz doit pouvoir continuer à vivre, tout en réduisant au maximum son empreinte carbone.» Mais surtout, il tient à rappeler l’importance de la patinoire. « Le Blizz est un lieu à la vocation éminemment sociale, situé dans un quartier comme celui de Maurepas. C’est aussi un espace central pour une pratique sportive féminine, populaire et intergénérationnelle. »
