Le 3 septembre 1792, la Révolution française vivait l’une de ses périodes les plus sombres. Ce jour-là, René-Marie Andrieux, prêtre jésuite, trouva la mort dans des circonstances tragiques et violentes, comme des dizaines d’autres réfractaires à la Constitution civile du clergé. Aujourd’hui, plus de 200 ans après ce massacre de septembre, il reste un héros de la foi oublié par beaucoup. Né à Rennes le 16 février 1742, il mériterait une place particulière dans l’histoire de sa ville.
René-Marie Andrieux fit ses premiers pas d’homme religieux au collège des jésuites de Rennes avant de rallier la Compagnie de Jésus en 1761. À 24 ans, il fut ordonné prêtre à Lyon, puis, en 1773, il rejoignit la communauté de Saint-Nicolas-du-Chardonnet à Paris, où il se distingua par sa forte personnalité et ses capacités de leader. Nommé supérieur du séminaire de Laon en 1776 et supérieur général de la communauté de Saint-Nicolas-du-Chardonnet en 1786, il n’hésita pas à défendre ses convictions. Il refusa de prêter le serment exigé par la Constitution civile du clergé en 1791. Il devient un réfractaire.
En août 1792, les autorités révolutionnaires l’arrêtèrent, ainsi que de nombreux autres curés, et il fut emprisonné au séminaire Saint-Firmin à Paris. Le 3 septembre 1792, au cours d’un massacre, il fut tué, sans jugement, avec une trentaine de ses compagnons d’infortune. Il est enseveli, avec les autres exécutés, dans une fosse commune du cimetière de Saint-Sulpice à Vaugirard. Mais malgré cette fin tragique, sa mémoire a traversé les siècles. Béatifié en 1926 par le pape Pie XI le 17 octobre, il rejoint ainsi les rangs des Martyrs de la Révolution française, avec une fête liturgique célébrée le 3 septembre chaque année.
Bien que sa béatification et sa persécution aient été reconnus, la ville de Rennes, où René-Marie Andrieux est né et a grandi, semble avoir oublié son héritage. Une plaque en sa mémoire existe, discrètement installée Notre-Dame-des-Miracles, mais elle demeure dans l’ombre, derrière un confessionnal. Si un jour vous passez près de l’église Notre-Dame-des-Miracles à Rennes, prenez un moment pour vous arrêter devant ce marbre (à gauche dans l’entrée). René-Marie Andrieux fut comme Marcel Callo, victime de ses convictions religieuses. Avec lui, quatre autres Bretons furent assassinés : Yves Le Guillou de Kerenrun, René Urvoy, né en 1766 à Plouisy, maître de conférences au séminaire des Trente-trois à Paris, Yves Le Rey, bachelier en théologie et Yves-Jean-Pierre Rey de Kervizic, attaché à une paroisse de Paris.