C’est une petite révolution symbolique qui se prépare au cœur de Rennes, sur l’esplanade du Général de Gaulle. Le 4bis, centre d’information jeunesse emblématique installé cours des Alliés, pourrait prochainement changer de nom. Selon nos infos, le lieu serait regroupé avec la Maison des associations sous une même bannière : le « 360 » Un nouveau vocable chiffré, moderne, global… mais pas forcément inspiré, protestent certains travailleurs du site.
Si l’appellation n’a rien d’officiel pour le moment, elle s’inscrit dans une tendance repérable dans certaines sphères. Dans le monde de la culture, de la jeunesse et des tiers-lieux, les chiffres sont devenus des marqueurs de contemporanéité ! Le 104 à Paris (Centquatre), immense établissement artistique dans le 19e arrondissement de Paris, a ouvert la voie. Ont suivi le 6 b à Saint-Denis, friche foisonnante, ou encore le 59 rue Rivoli, repaire d’artistes dans un ancien squat parisien. À Aubervilliers, le 19M de Chanel consacre les métiers d’art.
Dans l’univers de l’innovation et du numérique, cette numérotation fait aussi florès. L’école 42 de Xavier Niel, le 144 à Nantes ou encore des bâtiments estampillés à Saclay (le 52) donnent une identité urbaine et abstraite à des lieux conçus comme des laboratoires d’idées ou de talents. Dernièrement, le 78 à La Janais incarne l’avenir de l’industrie verte de la métropole rennaise. Du moins ce que souhaite la métropole.
360 : moderne… ou interchangeable ?
Le nom « 360 » évoque une vision à 360 degrés, un endroit ouvert, où se croiseraient les publics. L’ambition est sans doute d’unifier les usages, de décloisonner les associations. Mais le risque est de tomber dans une dénomination passe-partout, qui ressemble davantage à une salle de réunion dans une start-up qu’à un équipement citoyen de quartier… Un communicant rennais résume avec ironie. « Ça sonne moderne, mais ça pourrait être à Rennes comme à Toronto ou à Bucarest. » Ces appellations fonctionnent bien dans les logiques marketing, moins peut-être dans les démarches de valorisation patrimoniale ou d’identité sociale. Mais n’est-ce pas aussi oublier ce qui fait la spécificité de chaque lieu ? À Rennes, les chiffres semblent avoir la cote. Mais les mots, parfois, parlent mieux aux habitant d’une ville. Le débat est lancé !