En 1922, sur le Champ-de-Mars, le 14 juillet, la foule est immense. « On pouvait sans exagérer l’évaluer à 25 000 personnes », écrit le journal Ouest-Eclair, le lendemain. Dirigé par M. Lévêque (Maison Ruggieri), le feu d’artifice est tiré au pied de la butte. « Il a été un des plus beaux que l’on puisse imaginer. La magnificence de certaines cascades lumineuses souleva l’enthousiasme général. (…) Tout à coup est apparue en lettres de feu l’inscription “Vive la République”, saluée par les applaudissements. Le bouquet multicolore, qui couronna la fête du champ, fut réellement féérique. »
Au cours de cette journée mémorable, un banquet républicain est organisé sous les Lices où les personnalités s’écharpent gaiement pour des questions politiques aujourd’hui oubliées dans les limbes de l’histoire. Mais en dépit de cet incident, le 14 juillet est joyeusement et dignement célébré à Rennes (en l’absence de soleil). La préfecture, la mairie, l’archevêché, tous les bâtiments publics sont pavoisés et des drapeaux flottent à de nombreuses fenêtres.
De tous les quartiers, la foule afflue dans la matinée vers la revue du Champ-de-Mars où, au loin, tonne le canon. Au fond, en face de la tribune d’honneur, l’artillerie est sous les ordres. Non loin, l’on voit les tanks, les camions automobiles, les sapeurs-pompiers et le 41e d’infanterie. Au pied et à gauche des officiels sont massés les anciens combattants de 1870. Devant eux, le général Azema, à cheval, lève son sabre et crie « garde à vous ! »
Une heure après, à dix heures, la cérémonie est terminée, sans l’escadrille du commandant Vuillemin, pourtant attendu par de nombreux Rennais. Durant l’après-midi, les Rennais découvrent le jeu du tourniquet et le baptême du tropique, place de la mairie. Mais ce sont surtout les ballons « grotesques » qui ont le plus gros succès. La veille, une retraite aux flambeaux fut suivie par une foule immense et beaucoup monuments furent illuminés.