Interdigital, Thomson et Technicolor, trois entreprises, trois noms qui partagent la même histoire, les mêmes hommes, les mêmes technologies avant-gardistes et digitales. Mais la première fait aujourd’hui parler d’elle ! Elle a décidé de se séparer manu militari de 60 salariés sur son site de Cesson. Sans coup férir, sans prendre de gants, elle a annoncé son plan de suppression au plus grand étonnement de ses employés bretons.
Une boite aux méthodes texanes
Pourtant, à Cesson, la matière grise est présente. Pourtant à Cesson, les employés sont bardés de diplômes. Qu’à cela ne tienne, le groupe américain veut engranger de l’argent, se séparer de ses bijoux de famille. « Les licenciements se feront en plusieurs étapes », explique un salarié sous couvert de l’anonymat. « Ils concerneront des ingénieurs, des chercheurs, des managers, des assistants dans les labs « réalité virtuelle » et « réseaux ». Seul le lab « compression » n’est pas atteint par les lettres de licenciement qui seront envoyés en septembre. »
Malgré un groupe financièrement à l’aise, les indemnités seront accordées au minima ! « Elles sont très faibles par rapport à ce que notre société peut donner et aux autres groupes locaux ayant pratiqué des procédures collectives. Elles ne sont guère élevées pour des salariés la plupart âgés et spécialisés dans des secteurs où ils auront du mal à retrouver du travail. »
Contre cette suppression d’emplois, les salariés demandent vrai plan de reconversion professionnelle et des « chèques conséquents » pour compenser le manque à gagner. Mais face aux Américains, ils sont inquiets, voire très inquiets. « On n’est pas à l’abri d’une deuxième vague de licenciements », précise-t-il. « Nous sommes face à une société pilotée uniquement par des financiers, des juristes, loin d’être des philanthropes. Interdigital n’a désormais plus vocation à faire de la recherche pour faire de la recherche. Elle a une vision à court-terme. Elle cherche à récupérer des crédits recherche de l’Europe mais surtout des crédits français à travers le CIR (crédit impôt de recherche) financé par le contribuable et dont elle a profité allègrement depuis 2 ans.. C’est une boite aux méthodes texanes. Entre elle et nous, le fossé est indéniablement culturel… »
Des municipalités ont voté des motions de soutien en faveur des salariés. »
Pourtant, l’entreprise américaine a donné six jours à Noël, l’an passé, pour services rendus. Pourtant, elle organise des séminaires de bien-être air au travail. Elle a même accordé à ses employés une somme de 400 euros pour s’équiper en matériel dernier cri. « Mais c’est l’arbre qui cache la forêt ! Tous les salariés se sentent aujourd’hui trahis, humiliés et… pas seulement dans les services concernés par le plan de licenciement. On nous a spoliés nos brevets au profit de la maison mère et maintenant on nous licencie… »
La société Interdigital vient d’être classée la boite qui rapporte le plus d’argent par employés…Ses salariés sont prêts à se rendre à Strasbourg devant le Parlement européen pour manifester leur désarroi. Tous les jeudis, ils tiennent une assemblée générale devant les locaux de l’entreprise à Cesson-Sévigné. Joint par nos soins, le groupe n’a pas souhaité communiquer.
