Ce 17 avril 2025, la dalle de Villejean bruisse d’inquiétudes, de rumeurs. Il est un peu plus de 19 heures, des habitants filment la scène avec leur téléphone portable. Des enfants regardent en silence. La tension est palpable. Le gérant du café ferme ses rideaux. Il ne veut pas parler.
Derrière les cordons de sécurité, les enquêteurs de la police scientifique effectuent les premières investigations d’usage. Deux d’entre eux, en combinaison blanche, photographient les douilles retrouvées devant le Subway. D’autres installent les plots jaunes qui balisent l’aire de tir. Tout autour, les limiers de la PJ échangent brièvement avec la substitute du procureur, présente sur les lieux.
Quelques instants plus tôt, une fusillade a secoué le cœur du quartier. À 17 h 25, en pleine heure de pointe, sur cette dalle traversée chaque jour par des dizaines d’habitants, trois individus cagoulés ont ouvert le feu. Deux d’entre eux étaient en possession d’armes longues de type kalachnikovs. En quelques secondes, la scène a viré au chaos. Trois jeunes hommes — 23, 20 et 18 ans — se sont effondrés sur le sol. Un quatrième, semble-t-il renversé lors de la venue des tireurs, a été retrouvé plus loin.
Rapidement, les victimes ont été prises en charge par vingt-trois pompiers à bord de quatre véhicules de secours. Trois blessés, dont un en urgence absolue, ont été transportés vers le CHU de Pontchaillou. Fait inattendu, Charles Compagnon, élu d’opposition rennais, a été le témoin direct de la scène. Il est depuis au commissariat pour donner sa déposition.
Dans le quartier, ce soir, les habitants oscillaient entre résignation et colère. « On n’est pas en sécurité, ici », confie une riveraine. « Le trafic est partout : rue de Nivernais, sur la dalle… Certains des gars sont arrivés il y a deux jours à peine. » Présente sur les lieux, la maire, Nathalie Appéré, a échangé avec les forces de l’ordre, entourée de quelques élus. Ce soir, un homme a été interpellé à Villejean. Aucun lien n’est encore établi entre lui et les tireurs. L’enquête ne fait que commencer, mais dans les esprits, le trafic de stupéfiants, lui, est toujours bien installé.
