Que se passe-t-il au sein de l’antenne de neurochirurgie du CHU de Rennes ? Le 30 mars 2023, la direction signalait, au parquet de Rennes, des faits graves. Elle mettait en avant du harcèlement moral au travail et du harcèlement sexuel par un professeur sur six internes de son service. « Ce signalement faisait suite à une enquête administrative conduite en septembre 2022 », explique le procureur de la République, Philippe Astruc, ce soir, dans un communiqué.
Mais l’affaire ne s’arrêtait pas là. Durant l’automne 2022, un docteur « junior » mettait en cause un deuxième professeur pour harcèlement moral. Immédiatement, ses accusations déclenchaient une enquête administrative qui concluait à l’absence de « caractérisation des faits », fin décembre 2022. Dans la foulée, ce professeur déposait plainte pour dénonciation calomnieuse, le 24 janvier 2023 ; une plainte classée pour « infraction insuffisamment caractérisée » le 30 mai 2023. »
Rebondissement le 18 octobre 2023 ! L’association intersyndicale nationale des Internes (INSI) déposait plainte contre les deux professeurs. Elle reprochait des faits qui auraient été commis au préjudice de 14 internes ou médecins sur une période non déterminée et susceptible de caractériser le délit de harcèlement moral. « Le 27 octobre 2023, le CHU, adressait au parquet un complément à son signalement du 30 mars 2023 », ajoute le procureur, ce soir.
les personnes mises en cause, dans cette procédure comme dans toutes les autres, sont naturellement à ce stade du début des investigations présumées innocentes », explique philippe astruc.
La sûreté départementale de Rennes est depuis saisie d’une première enquête pour harcèlement moral au travail, harcèlement sexuel par personne abusant de son autorité et outrage sexiste et sexuel par personne abusant de son autorité sur 14 internes ou médecins. Ces investigations impliquent deux professeurs de médecine, s’étant succédé à la tête du même service. Une deuxième enquête doit se pencher sur une affaire de dénonciation calomnieuse, diffamation et harcèlement moral contre une plaignante, après le dépôt de plainte d’un des deux professeurs du 14 février 2023. Ces enquêtes ne sont pas sans conséquence pour les patients. Des examens et des opérations pourraient être reportés.
Infos + : « Le service a été confronté à des départs successifs de plusieurs praticiens expérimentés seniors insuffisamment compensés par de nouveaux recrutements », confirme la direction du CHU au journal Ouest-France, ce soir. « Ces départs sont notamment liés à une charge de travail, dans un contexte de conflits interpersonnels entre médecins ayant donné lieu à différents recours. Le chef du pôle neurosciences et le chef de service de neurochirurgie ont fait une demande de mise en retrait de leurs fonctions à titre conservatoire. »