« C’est triste », résume tout simplement Pascal. Le Football bar ferme ses portes. Il dit adieu aux supporters rennais qui se consoleront avec la qualification de leur équipe en coupe d’Europe. Dans cet estaminet, Gisèle Lemarchand régnait en maître depuis 39 ans. Avec un nom prédestiné pour faire du commerce… elle savait plus qu’une autre servir ses fidèles clients avec le sourire et le bon mot.
Ici, la bière coulait à flots. Elle rafraîchissait les gosiers qui, à force de crier « les rouge et noir », devenaient secs. « On y venait avant et après les matchs et parfois, lors des déplacements des Rennais », assure un habitué. À chaque fois, c’était une halte obligée, comme le sont chez Marco ou le Valy, un peu plus loin sur la route de Lorient.
Loin des estaminets aseptisés pour bobos survitaminés, le Football bar était un endroit populaire où l’on croisait le père et son fils, le grand-père et son petit-fils et les copains de virée. Il était le lieu de toutes les discussions footballistiques où l’on refaisait le match et où l’on débinait ou encensait Kéruzoré, Nonda, Gourcuff au regard des résultats de l’équipe fétiche.
Mais voilà, il faut une fin à tout. La densification grignote le paysage pour loger des familles sur toutes les artères rennaises. Le 110 route de Lorient (le 111 est le stade) remisera au placard les écharpes de l’Europe entière. Elle laissera place à un commerce (espérons un troquet) et à un immeuble de 27 logements (studio au T4). Ironie du sort, le promoteur s’appelle monsieur Pigeault, sponsor historique du Stade rennais. L’honneur est finalement sauf. Voir le reportage de TV Rennes.
Infos + : des mosaïques Odorico, selon le spécialiste Daniel Enocq, sont posées l’estaminet. Espérons qu’elles soient préservées.