Ce vendredi 19 mars 2021, dans le quartier de Cleunay, une marche pour dénoncer les insécurités a été organisée en mémoire de Hamzat Labazanov, le jeune homme tué par balle mercredi dans l’après-midi. Elle a rassemblé plus de 200 personnes, encore sous le choc de la fusillade.
Parti d’un square tout proche, le cortège a fait un tour complet du quartier encadré par des voitures de police et des hommes en tenue. Il est passé devant le Carrefour City où des fleurs avaient été déposées en mémoire de la victime. Devant ce drame, les langues se délient depuis maintenant quelques jours. « Ce sont des voitures qui brûlent, des coups de fusil qui retentissent le soir », explique Cédric, père d’une fille âgée de sept mois.
Le riverain n’a pas peur pour lui, mais pour sa famille. « Ma femme ne veut plus sortir de chez nous depuis l’incident. Elle vit dans la peur », précise-t-il. Aujourd’hui, Cédric et sa femme privilégient les repas en livraison plutôt que d’aller faire leurs courses. « Il n’y a pas assez d’agents, pas assez de sécurité ! La maire doit essayer de faire bouger les choses. »
Interpellée, Nathalie Appéré, maire socialiste de Rennes, n’était pas présente pour assister à la marche, une absence « remarquée et regrettée » par les habitants du quartier. Elle était toutefois représentée par son fidèle adjoint, Marc Hervé et l’élue du quartier, Cégolène Frisque. « Il faudrait une brigade de sécurité, ici, régulièrement, parce-que sinon ça va continuer. Ce n’est que le début ! », affirme celui qui veut déménager pour s’installer à la campagne.
Co-présidente de l’association des parents d’élèves de l’école élémentaire Champion de Cicé, Emilie Le Bellegard est tout autant inquiète. « Cela fait plusieurs semaines que nous avons alerté les élus et la police régulièrement », explique-t-elle. « Depuis quelques temps, les transactions se font devant le portail de l’école élémentaire. Lorsque les enfants sont en récréation, ils sont directement exposés à la vue du trafic. C’est une scène quotidienne pour les écoliers ! »
C’est un quartier qui convient à tout le monde, il y a un esprit village, beaucoup de solidarité et d’entraide, mais c’est triste de se dire qu’il y a aussi beaucoup de frayeur « , note Emilie.
Face aux inquiétudes, les élus semblaient impliqués. « Mais depuis, on n’a vu aucun changement. Preuve en est : nous en sommes là aujourd’hui », précise Emilie. « En revanche, je suis ravie. Toutes les structures du quartier étaient présentes comme les représentants du comité de quartier, du centre social ou encore du collège. c’est bon signe », ajoute-t-elle.
L’inspecteur d’académie est resté derrière le portail de l’école élémentaire. Il ne s’est pas joint à nous. J’ai trouvé ça étrange », ajoute Emilie.
L’association des parents d’élèves ne prétend pas avoir de solution pour combattre l’insécurité et la violence dans le quartier de Cleunay, mais, après l’incident, elle espère, comme tous les habitants, voir les choses changer. « Certains demandent à leurs enfants d’aller jouer au fond de la cour pour ne pas s’exposer à d’éventuelles balles perdues, vous vous rendez compte ? », s’insurge Emilie. D’autres parents vont même jusqu’à changer de trajectoire habituelle pour emmener leurs enfants à l’école, le matin. « Ce n’est pas normal. La peur doit changer de camp », confie un habitant.
Un autre son de cloche : Proche de la victime ( Hamzat Labazanov), un jeune homme a fait part de sa douleur. « Il était jeune, c’est triste ». Habitant dans le quartier depuis 6 ans, et contrairement à d’autres témoignages, il ne crie pas à l’insécurité. « Cela a toujours été comme ça », affirme-t-il. « On entend des bruits de tirs à peu près tous les mois », ajoute-t-il.
