Depuis 26 ans, Claude Golaz était sous les halles des Lices. Depuis 26 ans, il était connu de tous les habitués du marché rennais du samedi matin. A six heures, il enfilait son traditionnel pull jaune, saluait les bouchers et s’en allait tenir sa fromagerie jusqu’à treize heures. Au bout d’une allée, il était impossible de rater son stand où l’on dénichait d’un côté les pâtes molles (Munster, Pont-l’Evêque, Epoisses) et de l’autre les pâtes dures (Comté, Beaufort, Ossau-Iraty). Sans discontinuité (il ne prenait jamais de vacances à l’exception d’un voyage tous les quatre ans en Suisse pour une fête traditionnelle du bon goût), il coupait, découpait les fromages pour ses habitués et ses clients de passage. Mais le traditionnel rendez-vous rennais des gourmets n’était pas sa seule et unique adresse. Il fréquentait souvent les petits marchés de la région de Dinan, sauf ceux de Saint-Malo où sa femme exerçait depuis autant de temps. A 61 ans, Claude Golaz reprend un repos mérité. « C’était comme dans un bon restaurant », assure un client. « Sa carte de fromages était réduite, mais choisie avec goût et respect pour sa clientèle. » Seul regret, Claude Golaz aurait voulu créer une cave à fromage à l’ancienne, sans moteur. Peut-être la retraite venue… Il sera remplacé par un autre fromager.