Depuis quelques années, des immeubles fleurissent partout dans la ville. Ils changent la physionomie de Rennes au plus grand dam des riverains. Face à la contestation, la municipalité tente de désamorcer en mettant en place un charte de la construction et de citoyenneté et en réitérant sempiternellement le même discours : il faut loger les nouveaux arrivants.
Nous devons construire 1500 logements par an pour accueillir la population », Marc Hervé.
Adopté en conseil municipal, ce document (qui ne sera pas opposable juridiquement aux promoteurs !) est un « guide de bonnes pratiques » à destination des professionnels de la construction (architectes, notaires, promoteurs immobiliers…) et de la Ville de Rennes, et ce à toutes les étapes d’un projet immobilier. « Il comprend une douzaine d’engagements », assure Marc Hervé, adjoint au maire, chargé de l’urbanisme.
Difficile d’énumérer toutes les promesses de la ville….Mais l’une attire l’attention. Elle envisage des échanges entre les riverains et les opérateurs, quelques semaines avant les dépôts des permis de construire. « Nous promettons une information individuelle ou rencontre collective pour les projets de 10 à 30 logements et une concertation en amont pour les projets de 50 logements et plus », explique Marc Hervé. https://metropole.rennes.fr/la-charte-construction-et-citoyennete-est-nee
Un gadget supplémentaire
A droite, Charles Compagnon évoque un « gadget supplémentaire », une municipalité » galvaudant les idées de « démocratie participative » et de « consultations citoyennes ». La concertation ne doit plus se résumer en ces propos : « je vous écoute mais je ne vous entends pas ». La première des mesures devrait être de soutenir les quartiers où les maisons arrivent encore à résister face à la densification galopante et bétonnante. Les espaces de biodiversité, les poumons verts doivent être préservés et non remplacés par des tours et autres collectifs avec leurs parkings souterrains et leurs dalles. Car n’en déplaise au chantre du collectivisme forcené, le premier parc de Rennes, ce sont les jardins des particuliers. La ville doit ne doit plus soutenir un urbanisme cubique sans âme fait de béton et de zinc et dont la durabilité est trop souvent calée sur la garantie décennale. »
Pour En Marche, la charte de la construction et de la citoyenneté est quand même la bienvenue. « Elle permet de combler un déficit de dialogue autour des projets de construction qui s’opèrent dans notre ville en secteur diffus. On espère qu’elle mettra un terme à la brutalité actuelle dont témoignent de nombreux habitants dans notre ville : des locataires et des propriétaires constitués en collectifs qui découvrent que leur jardin va disparaître, que leur maison ou leur petit collectif va être rasé », confie la Marcheuse, Sandrine Caroff-Urfer. Mais comme la droite, En Marche émet de nombreuses remarques. « Cette charte ne s’applique pas aux ZAC. Pourtant de nombreux projets parmi ceux qui soulèvent des interrogations et des mouvements de rejet de la part des riverains sont menés dans leurs périmètres sur le territoire communal. Aussi quand un projet immobilier dans une ZAC vient bouleverser un paysage urbain, de nouvelles concertations doivent avoir lieu pour recueillir l’avis des riverains, moduler les projets si nécessaire, et faire qu’ils s’insèrent mieux dans leur environnement. »
De la pédagogie pour tromper personne
Pis, les promoteurs auraient tous les droits et le dernier mot, du moment qu’ils respectent le PLUI (Plan Local d’Urbanisme Intercommunal), voté en décembre 2019 à Rennes Métropole. « Attention donc à ne pas tromper les habitants sur le pouvoir que cette charte va leur accorder. Ne laissons pas s’installer de confusion dans les esprits entre information, consultation et co-construction. Elles nomment des réalités de collaboration différentes, sur lesquelles il faut faire de la pédagogie pour ne tromper personne. Par-dessus tout, il faut davantage de proximité de la part des élus en charge des dossiers, avec de vraies instances identifiables par les citoyens, afin d’établir un dialogue serein. Le maintien d’une citoyenneté constructive ne saurait en faire l’économie. »
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