Place de la Mairie, ce 15 janvier, des fourgons de CRS s’éloignent vers l’extérieur du centre-ville. La relève a déjà pris position autour du Parlement de Bretagne. Ici, nul ne passe sans contrôle. Le palais de justice, transformé en véritable forteresse, accueille un procès retentissant : celui de l’affaire « Gomorra », jugée par la cour d’assises d’Ille-et-Vilaine. Pendant neuf jours, sept hommes, âgés de 25 à 41 ans, comparaissent pour trois tentatives de meurtre dans le cadre d’un règlement de comptes lié au trafic de stupéfiants dans la région de Nantes.
« Ce dispositif policier est impressionnant », confie une jeune femme promenant son chien à quelques mètres de là. « Mais on ne va pas se plaindre ! Nous ne sommes pas vraiment dérangés au quotidien. On doit juste contourner les rues Nationale et Victor Hugo, bloquées par les véhicules de police. »
Derrière les barrières métalliques et sous l’œil vigilant des forces de l’ordre, le calme apparent contraste avec la tension palpable. Armé jusqu’aux dents, un policier interpelle poliment un cycliste. « Pied à terre, monsieur ! » L’homme obtempère aussitôt. Derrière lui, trois jeunes femmes, curieuses, s’approchent des agents pour savoir s’il est possible d’assister aux audiences. « Oui, à partir de 14 heures », répond un policier tout aussi poliment. « Mais vous devrez présenter une carte d’identité. »
Le procès, qui s’étale sur deux semaines, plonge au cœur d’un dossier complexe, où la violence et le crime organisé se mêlent. Ce jeudi, la cour va entendre Mohamed Abassou, l’une des victimes. Détenu dans le cadre d’une autre affaire – dite du « Moonlight » – où un serveur a été tué lors d’une fusillade en avril 2019 à Nantes, Abassou a survécu à une tentative de meurtre dans la nuit du 4 au 5 avril 2019. Malgré ses blessures graves, il n’a jamais porté plainte.
Jusqu’au vendredi 24 janvier, le Parlement sera cadenassé par des agents de la police nationale et des membres des ERIS (unités d’élite régionale d’intervention et de sécurité). Des renforts, notamment des policiers de la compagnie régionale de sécurité de Loire-Atlantique, ont également été mobilisés pour maintenir l’ordre.