Alice Mazenc est une magistrate expérimentée, dont la trajectoire est jugée riche et déterminée. Début septembre, elle a pris la tête du tribunal judiciaire de Rennes, en succédant à Béatrice Rivail. « Ce que je découvre ici, c’est une juridiction exténuée, mais d’une grande dignité. Les collègues m’ont accueillie avec chaleur et la volonté de ne pas me charger trop vite. C’est précieux ! »
Une carrière construite par étapes
Originaire de Paris, formée à Sciences Po Bordeaux, Alice Mazenc entre à l’École nationale de la magistrature, il y a 29 ans. Dès le début, elle alterne les responsabilités : juge d’instruction à Lisieux et d’instance à Yvetot. À Pontoise, elle s’implique dans des fonctions plurielles : juge des enfants, puis vice-présidente, et enfin secrétaire générale de la présidence. Après ce séjour en région parisienne, elle rejoint l’administration centrale du ministère de la Justice. Elle y conduit le programme Via-Justice, dont l’objectif était de déployer notamment le service d’accueil unique du justiciable (SAUJ). « Ce fut un vrai défi. Mais c’est aussi ce type de projets qui donne du sens à notre métier », confie-t-elle.
Nous pouvons déjà constater son énergie, son efficacité, sa capacité à trancher, sa connaissance du fonctionnement des différents services et sa bonne humeur. » François Lavallière, vice-président du tribunal judiciaire.
À l’été 2019, Alice Mazenc « succombe » enfin aux charmes de la Bretagne, comme elle le dit avec humour. Elle rejoint la chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Rennes, avant d’être nommée présidente du tribunal correctionnel de Lorient en 2021. Là-bas, elle mène de front plusieurs chantiers avec efficacité, détermination et énergie. Elle lance notamment la dématérialisation des procédures et le développement de la médiation. « Dans la cité portuaire, elle a réussi à obtenir des renforts d’effectifs, notamment au service de l’instruction. Ce qui a permis à la juridiction d’organiser dans des délais raisonnables un procès particulièrement médiatique qui s’est achevé quelques semaines avant votre départ (affaire du chirurgien Scouarnec) », indique le vice-président, François Lavallière. « Espérons qu’elle saura rencontrer le même succès à Rennes, notamment pour étoffer les personnels de la chambre chargée de juger les dossiers de criminalité organisée. »
Une présidence tournée vers l’action et l’écoute
Dans la cité aux 7 ports, Alice Mazenc a trouvé une juridiction particulièrement dynamique et attachante. « J’y ai passé 4 années riches avec parfois des situations critiques, mais surtout de grandes réussites grâce à un collectif de travail exceptionnel. » La voici désormais dans la « grande » ville où elle fera face à de nombreux défis. « Le contexte au 1er septembre était, et tant mieux pour moi, bien meilleure avec 8 départs compensés 12 arrivées, même si nous sommes encore loin des collaborateurs cibles promis à échéance 2027. »
A Rennes, la présidente désire « garantir à chacun les meilleures conditions » de travail. « Soutenir et accompagner est actuellement un impératif particulièrement prégnant. » Résolument optimiste, elle s’inscrit dans une recherche d’amélioration de la qualité. « Nous devons mettre en œuvre les réformes nationales, mais plus encore réfléchir localement aux axes de modernisation. »
Dans le cadre de ses missions, Alice Mazenc veut une justice au « cœur de la cité », visible, lisible, et compréhensible. Au-delà de ses impératifs, elle pourra compter sur l’aide du procureur de la République, Frédéric Teillet. « Nous formons une communauté de travail. Et je suis certain que la présidente Mazenc saura l’animer avec exigence et intelligence. » Mais pour Alice Mazenc, pas de mystère! « Le secret de l’action, c’est de s’y mettre », cite-t-elle en reprenant les mots du philosophe Alain. Elle s’y serait déjà employée.
