Ce 24 mars 2025, le Conseil municipal de Rennes a été le théâtre d’une offensive de l’opposition contre la majorité de Nathalie Appéré. À un an des élections municipales, Charles Compagnon (Libres d’agir pour Rennes) et Carole Gandon (Révéler Rennes) n’ont pas mâché leurs mots. Ils pointent du doigt un long naufrage fait d’abandons et d’alliances douteuses.
À l’occasion de l’expression politique des groupes, Charles Compagnon a lancé la charge. « Ce mandat restera dans l’histoire comme celui des occasions gâchées. Cinq ans de perdus pour notre ville, cinq ans de perdus pour les Rennaises et les Rennais. » Sous sa plume, le bilan devient un réquisitoire. « Des écoles ont ouvert, des services publics ont continué à fonctionner, des budgets ont été votés… Mais gouverner une cité, c’est lui donner un élan, une direction. C’est précisément ce qui aura manqué à votre mandat. »
Après le traumatisme post-Covid, l’opportunité aurait été historique pour changer de cap. « Après les fortes attentes soulevées, vous avez préféré protéger votre costume de gestionnaire plutôt que d’endosser le bleu de travail des bâtisseurs. » Selon Charles Compagnon, le refus d’accueillir le Tour de France cristallise la « myopie politique » de Nathalie Appéré. «Là où d’autres villes auraient vu un événement populaire et fédérateur, la municipalité rennaise n’y aurait vu qu’un inconvénient idéologique. Vous avez privé Rennes d’un rayonnement national et international. Ce moment de ferveur populaire, nous en avions besoin. Edmond Hervé, lui, ne l’aurait pas refusé. »
Sans complaisance, Charles Compagnon tire à boulets rouges contre la politique commerciale de la ville. « Le taux de vacance globale a explosé : +50 % sous votre mandat, passant de 7,8 % à 11 %. » Sans bienveillance, il enfonce le clou contre la « bétonisation outrancière », « l’imbroglio » du parking Vilaine, l’urbanisme « bâclé », le « critère idéologique » dans l’attribution des subventions sportives… « Nous sommes passés du sentiment d’insécurité à son expérience quotidienne », ajoute-t-il. « Agressions, trafics, incivilités : tout augmente. Nous avons proposé des solutions. Vous avez préféré détourner le regard. »
Pour sa part, Carole Gandon a, de son côté, livré une charge sans détour sur les connivences politiques de la gauche rennaise avec La France Insoumise (LFI). « Il y a des moments où le silence n’est plus une option. Votre majorité fait preuve d’une complaisance inquiétante envers les agissements des insoumis. » La figure de Jean-Luc Mélenchon est là-encore au centre de ses accusations. « Sa récente intervention à Brest, où il a tenté de justifier une affiche à caractère antisémite visant Cyril Hanouna, dans une salle ricanante, en est une illustration glaçante. »
Plus grave encore : les attaques de Jean-Luc Mélenchon contre la presse locale, notamment Le Télégramme, qualifiées de « dérives autoritaires dignes de régimes qui ne tolèrent ni contradiction ni pluralisme. » Carole Gandon va même plus loin. Elle accuse LFI de banaliser l’antisémitisme, et la majorité rennaise de fermer les yeux, voire de tendre la main. « En 2023, les actes antisémites ont explosé, +300 %. Et pendant que ce fléau progresse, certains à gauche détournent le regard, voire jettent de l’huile sur le feu. » Aujourd’hui, Carole Gandon interpelle Nathalie Appéré en exigeant une position claire. « Désapprouvez-vous les propos de Mélenchon ? Condamnez-vous les opinions ambiguës, voire antisémites, tenues par certains de ses appuis ? Continuez-vous à vous reconnaître dans une alliance politique avec un parti qui nie les valeurs fondamentales de la République ? »
Derrière cette mise en accusation, c’est bien la future élection municipale qui se profile. Le message de l’opposition est claire. Maire de Rennes, Nathalie Appéré n’a pas daigné répondre aux attaques, comme elle le fait parfois. Tout juste a-t-elle évoqué lors des débats l’absence de «solutions alternatives» de ses rivaux. La campagne est lancée. Elle sera longue et dure.
