Cesson-Sévigné, ce vendredi 30 août. La pluie, cette vieille et tenace compagne des terres bretonnes ne peut pas troubler la fête. Sous un entrelacs de parapluies coloré, une ville entière s’apprête à célébrer l’enfant du pays dans le stade d’eaux vives. Titouan Castryck, visage d’ange et muscles de marin, revient en héros des JO de Paris 2024. Devant son public cessonnais, ce vendredi 30 août, le jeune homme porte autour du cou une médaille d’argent, qui brille de toutes les promesses de l’avenir.
Pour ce sportif, l’eau est un compagnon de jeu, parfois capricieux, tourbillonnant, toujours exigeant. À Vaires-sur-Marne, cet été, le kayakiste fut le danseur des flots. Devant des millions de spectateurs, chaque coup de pagaie était une révérence (ou une référence selon), chaque mouvement est une chorégraphie minutieusement répétée. Il a mené sa barque, jusqu’à la treizième porte, en devançant ses concurrents. Mais le destin, ce triste farceur, lui joua le plus mauvais des tours, au gré du détour d’une porte.
Ce jour-là, l’erreur fatale, la petite faute a pesé de tout son poids. Cette porte mal négociée coûta l’or à Titouan. Mais qu’il se rassure ! L’ homme est jeune, très jeune. Il aura l’occasion de briller à nouveau comme son mentor, Tony Estanguet, qui fut en son temps champion olympique, avant d’être le patron des JO de Paris.
Titouan Castryck, ce nom est à retenir. Né à Saint-Malo, là où les flots sont aussi rugueux, il a grandi dans l’ombre de ses parents, tous deux figures du kayak français. Sa mère, Anne Boixel, ancienne médaillée mondiale, a transmis à son fils cette flamme. Son père, Frédéric Castryck, l’a guidé, à travers les remous de l’apprentissage. Mais c’est à Cesson-Sévigné, à deux pas de Rennes, que le jeune Castryck a pagayé d’abord pour le plaisir, puis, très vite, pour la gloire.
À sept ans, Titouan entre au club des Poissons Volants pour voler au-dessus des flots. Au milieu d’une bande de joyeux compagnons plus âgés que lui, il commence à apprivoiser l’eau et son sport. Ses premières compétitions, il les vit comme des jeux, mais déjà, l’œil du coach, Sarah Lyphout, ne s’y trompe pas : ce gamin a du talent. À 15 ans, il entre au pôle espoirs de Cesson. Là, la donne change. Le loisir devient métier, la passion, obsession. Il s’entraîne, inlassablement, et le Covid, au lieu de le freiner, le pousse à se surpasser. Malgré le monde à l’arrêt, Titouan accélère. Il remporte les championnats de France cadets.
En 2021, il est champion du monde juniors. Ce succès lui ouvre les portes du pôle France, à Vaires-sur-Marne, ce même bassin où, trois ans plus tard, il décrochera l’argent olympique. La boucle semble bouclée, mais pour Titouan, c’est le début d’une nouvelle aventure. Aux côtés de ses compagnons d’armes, Mewen Debliquy et Guena Marquer, il continue de progresser, toujours plus vite, toujours plus fort.
Sur le circuit seniors, il se fait rapidement un nom. En 2022, il est déjà médaillé de bronze aux championnats du monde par équipes, et en 2023, il remporte sa première étape de Coupe du monde à Vaires-sur-Marne. Tout semble lui réussir, mais Titouan garde la tête froide. Il sait que dans ce sport, rien n’est jamais acquis. Chaque épreuve est un combat, chaque victoire, une récompense éphémère. Los Angeles 2028 est son horizon, l’or son nouveau Graal. En attendant, à Cesson-Sévigné, sous les applaudissements, il sourit, humblement. Il sait que le chemin est encore long, mais qu’importe ! Le vent de Bretagne souffle à nouveau dans ses voiles. Il va lui donner la force de repartir, à défier les courants, à frôler les portes. Titouan Castryck est déjà en route vers de nouveaux sommets.
