Il y a quelques années, l’installation d’une entreprise (avec des embauches à la clé) dans une ville et dans une région était saluée par tous. Mais les temps ont bien changé ! Pour certains politiques, l’environnement prime désormais sur l’emploi. Le patron de Safran, Olivier Andriès, en a fait les frais à Rennes. Dans un article publié dans Les Echos, il ne mâche pas ses mots. Lors de son audition devant une commission d’enquête de l’Assemblée nationale, le 15 avril, il a vivement critiqué le traitement réservé à son projet d’usine dans la capitale bretonne, ciblé par des militants écologistes. « Si c’est pour être accueilli par des tomates quand on crée 500 emplois dans une région, ce n’est pas la peine », a-t-il lancé.
Dans l’agglomération rennaise, Safran prévoit d’investir 80 millions d’euros. Elle veut y construire une usine de 10 000 m², dédiée à la fabrication d’aubages de turbines pour les moteurs du Rafale, de l’Airbus A320 et du Boeing 737. L’ouverture est programmée pour 2027, avec 500 recrutements à la clé. Le projet est présenté comme un modèle : haute technologie, souveraineté industrielle, réindustrialisation d’un site Stellantis, zéro artificialisation des sols. « Nous avions préparé un beau dossier, avec 500 créations d’emplois. Mais dès l’annonce, des écologistes ont remis en cause la majorité municipale. Ils nous ont dit : c’est l’aéronautique, ça pollue. Et puis c’est du militaire, donc ce n’est pas bien .»
Si le dirigeant souligne la qualité des échanges avec la maire socialiste de Rennes, Nathalie Appéré, et le conseil régional, le patron de Safran regrette une opposition qu’il juge idéologique et déconnectée de l’intérêt général. « Ce n’est pas politique, affirme-t-il. Mais à partir du moment où on oublie l’intérêt national, où on ne comprend pas que créer 500 emplois, c’est très important pour le territoire et pour la vie des gens, ce n’est pas la peine. » Résultat : le chef d’entreprise a annoncé qu’il éviterait désormais toute implantation industrielle dans une ville administrée par une majorité écologiste.
