Ce samedi 17 avril, c’était le premier jour de la concertation sur le livre blanc de la sécurité. « Comme pour les lancements de fusées, il y a des lancements réussis et des lancements ratés », regrette Charles Compagnon, porte-parole de l’opposition municipale de droite. « Résolument, ce matin fut un échec tant sur le fond que sur la forme. »
« Moins de 80 personnes étaient réunis en visioconférence (norme sanitaire oblige) », déplore l’homme politique. « Plus de 50 % étaient des élus, des politiques, des agents de la ville ou des journalistes. Cela laissait bien peu de place pour les personnes extérieures au sérail : moins de 40 personnes pour une ville de plus de 220 000 habitants ! Quand on sait l’importance qu’accordent les Rennaises et les Rennais au sujet de la sécurité, on peut s’interroger sur les moyens de mobilisation. Premier échec. »
Toujours sur la forme, il ne veut pas s’étendre sur les conditions techniques déplorables de cette réunion. « Après un an de confinement, à l’heure où la visioconférence est devenue la norme, on peut s’étonner de ne plus avoir de son ni d’image au bout de dix minutes de réunion et ceci pendant plus de six minutes. La suite tout aussi laborieuse. Les mauvaises langues diront : vivement la 5G à la mairie ! »
« Sur le fond, ajoute l’élu, nous avons assisté à une séance d’auto-promotion de la maire assez incroyable. Dès son propos liminaire, alors que l’heure est grave et appelle au travail de tous en bonne intelligence, la maire a doctement expliqué que la sécurité était surtout l’affaire de la police nationale. Le ton était donné. La maire a ensuite rappelé, les missions de la police municipale rennaise qui n’est pas, dans son esprit, « une police d’intervention ». Les participants à cette réunion de lancement du futur livre blanc de la sécurité ont pu apprécier de prendre la leçon. »
Un élément majeur l’a cependant particulièrement interpellé : « 74 % (!) des interrogés affirment ne pas porter plainte en cas de problème. Or les statistiques de police qui définissent en partie les moyens mis à disposition sont basées sur les plaintes enregistrées. Quelle fiabilité du diagnostic posé quand nous faisons face à un tel niveau d’auto-censure de la part de citoyens parfois désabusés ?
Madame la maire avait invité à ses côté le maire socialiste de Lomme, commune limitrophe de Lille, pour vanter les « excellents résultats » d’un sondage. « Le sentiment de sécurité est très fort à Rennes et c’est exceptionnel en France » (sic). Fermez le ban. Est-ce avec un tel état d’esprit que nous trouverons des solutions, alors même que selon la même étude, 51 % des Rennais (et plus particulièrement les 58 % des Rennaises) déclarent pratiquer la stratégie de l’évitement (c’est-à-dire changer d’itinéraire pour éviter une zone de danger). On ne vit pas en intelligence quand de tels comportements se généralisent. On vit encore moins en intelligence en les ignorant. »
