L’école est un lieu de savoirs ! Elle permet aussi la socialisation et plus largement l’éducation à la vie en collectivité et à la découverte de l’autre. « Les espaces scolaires ne sont jamais neutres », assure Gaëlle Rougier, adjointe au maire. « Ils sont porteurs, consciemment ou non, de valeurs politiques et sociales. » Dans ces établissements, la cour est l’un des premiers endroits où les enfants se construisent leurs représentations du monde. Pourtant, elle a été longtemps considérée comme secondaire. « C’est dans cet espace que se croisent filles et garçons de diverses classes d’âges, d’intérêts et de besoins différents. C’est là où peuvent se jouer aussi des rapports de force, notamment entre petits et grands. »
Un climat apaisé
Pour rendre plus « égalitaires » les relations entre tous et toutes, la ville lance un grand travail de réaménagement des cours. Elle désire donner un cadre favorable et végétal pour chacun et chacune. Elle ne veut plus de « minéralité ». Elle souhaite des « territoires de jeu » pour redécouvrir la présence de la nature. « D’après certaines expériences, des cours végétalisées sont propices à une diminution des conflits entre enfants. L’environnement se fait l’allié de l’égalité, en plaçant au centre le bien-être des plus petits. »
Cette réhabilitation serait portée avec passion et savoir-faire par la direction de l’enfance et par celle des jardins et de la biodiversité. « La ville est dotée de 385 000 mètres carrés de cours, répartis sur 87 écoles. Sur ces 87 d’entre elles, toutes ne sont pas au même niveau de végétalisation. Nous avons l’ambition d’en végétaliser, soit 6000 m2 chaque année,» ajoute l’élue.
Pour choisir les écoles, la municipalité a effectué un classement et un ordre de « priorisation » en fonction du degré de « minéralité » de leurs cours. « Le principe d’intervention est simple. C’est de naturaliser tout, sauf pour des raisons pédagogiques, de sécurité, de circulation, d’accès aux bâtiments, d’entretien… » Devant ce vœu pieux, l’opposition se félicite de la disparition des « cours de récréation carrées, couvertes de bitume, avec quatre platanes tristes ». «Les enfants ne verront plus des zones de jeux de ballons peintes en grandes lignes blanches, mangeant tout l’espace disponible. Bientôt, ils ne pourront plus observer ce paysage scolaire que dans les photographies de Doisneau ou dans les bandes dessinées de Titeuf. Nous nous en réjouissons, » explique Sandrine Caroff-Urfer, conseillère municipale de Révéler Rennes.
Dans la même veine, les 336 aires de jeux seront inclusives et accessibles à tous les Rennais. « Chacun doit y trouver son compte. Il faut favoriser autant que possible les interactions », assure Lucile Koch, élue en charge de la ville à taille d’enfants. « Beaucoup de ces espaces sont des endroits où les petits restent peu. Cela nous pousse à innover, à réfléchir à d’autres aménagements et à intégrer plus fortement la nature pour répondre à la demande des parents. »
Dans la future aire des Gayeulles (prévue à l’été 2024), les filles et garçons retrouveront des « jeux de lumière et de manipulation », des « défis physiques »… Ce sera le cas aussi au Landry (au printemps 2024). « Notre ambition n’est pas seulement de poser des structures, mais c’est aussi penser différement les déplacements de tous et des accompagnants. Il faut revoir les dynamiques pour que les plus calmes ne soient pas dérangés par les plus énergiques. »
Face à ce constat, l’opposition (Révéler rennes) s’interroge toutefois sur le manque de petits parcs, de points d’eau ou encore de toilettes dans ces aires de jeux. « Il est aussi essentiel de prendre en compte les enfants en situation de handicap, non seulement moteur, mais aussi sensoriel », ajoute Sandrine Caroff-Urfer. Ce lundi 9 octobre, les élus ont voté en faveur de deux référentiels pour réfléchir au mieux sur ces futurs aménagements.
