Tous les samedis matins, il était dans les courants d’air. Sous les halles des Lices, sa haute stature (2 m 05) ne passait pas inaperçue au milieu des commerçants et des bouchers. Bertrand Dauleux quitte son marché. À 67 ans, il avait effectué du « rab » pour ses clients et par plaisir. Dès sept heures — qu’il pleuve, qu’il neige et qu’il fasse beau -, il vendait ses gâteaux et chocolats végans (Lam diffusion) et parfois en donnait aux têtes blondes un brin gourmandes. « Mes fidèles sont devenus des amis », assure-t-il.
À l’âge de la retraite venue, Bertrand rend son tablier. Après treize ans de bons et loyaux services, il quitte la scène ! « Je n’ai jamais retenu la date exacte de mon arrivée aux Lices, mais beaucoup de bébés que j’ai connus sont maintenant adolescents », s’amuse-t-il. Derrière son étal, Bertrand ne vendait pas simplement des douceurs : il innovait. Végan, sans lactose, sans œuf, sans gluten… Il élaborait ses propres recettes, inspirées par des lectures, des forums, et beaucoup d’expérimentations. « J’étais mon cobaye », confie-t-il en riant. « Les marchés, c’est un super laboratoire. Tu fais goûter un truc que tu n’as même pas prévu de commercialiser, et les gens veulent l’acheter. Un jour, un industriel m’a proposé de fabriquer mes créations dans une usine. J’ai refusé ! Je sortais d’une association difficile. Je n’avais pas envie de repartir dans une aventure manufacturière. »
Eté comme hiver, Bertrand aimait surtout le contact. « Jouer à la marchande », comme il dit avec tendresse. « Aux Lices, on connaît la vie des habitués, leurs enfants, leurs histoires. Le samedi matin, le marché est parfois le seul lien social pour certaines personnes ! » Mais avant le cacao bio, Bertrand Dauleux a eu plusieurs existences ! Il travailla dans l’importation de produits de charcuterie et de fromages en provenance d’Espagne. Il fut directeur de coopérative agricole et même photographe publicitaire.
Mais dans la capitale bretonne, le « grand bonhomme » s’est aussi fait connaître en participant à l’aventure de l’Avenir de Rennes basket qui est monté en nationale 1 B masculine en 1985. Il eut alors le plaisir de jouer autour de basketteurs comme Reggie Speights, Zacharie Jones ou Apollo Cosmas… Désormais, il se consacrera à l’écriture. Il tient un blog (www.larchitiste.com), dédié à l’espace urbain, l’architecture, et l’art public. « C’est un type qui aime sa ville. Il a un sens de la curiosité et de l’humour aiguisés. Un gentil ! », résumait dans nos colonnes Frédéric Boursier, l’adjoint aux sports de la ville de Rennes. On n’a pas fini d’entendre parler de lui…
