En janvier 1912, le maire de Rennes, Jean Janvier, annonce un nouveau décor pour la salle des mariages (actuel accueil de la mairie). Mais la guerre repousse le projet. À son retour, l’artiste Louis Roger (Paris, 1874 — Paris, 1854), change son fusil… d’épaule. L’ancien élève des Beaux-Arts de Paris et de Rennes propose de marquer les lieux d’un « souvenir ému et durable aux nombreux Rennais qui sont morts pour la patrie.»
Quelques mois plus tard, Louis Roger écrit une deuxième fois au maire pour lui décrire ses intentions. En lieu et place de la glorification du mariage, il préfère le symbole du foyer. Après l’aval de l’édile, ll peint une scène représentant un père de retour la maison, après son dur labeur. Sur le pas de la porte, une femme attend son mari avec ses enfants, visiblement heureux, allant au devant lui !
L’idée de patrie
Face à ce grand panneau (au-dessus du guichet d’accueil), un second exprime l’idée patriotique. À droite, l’on peut voir une tranchée occupée par les « soldats défenseurs » du sol jusqu’à l’extrême sacrifice. À gauche s’élève, au coin d’un champ labouré, un petit tertre funéraire, surmonté de drapeaux. Il indique l’endroit où sont couchés et enterrés les morts pour la patrie. Dans le lointain, brûle sans doute un village…
À ces deux panneaux placés lors de l’inauguration du Panthéon rennais en 1922, se trouve un troisième sur le mur faisant face à l’entrée de la salle. Cette œuvre, illustrant les fiançailles, est décrite dans une lettre de Louis Roger en octobre 2022. « Dans un paysage bien breton (…), deux jeunes gens se rencontrent et échangent leurs vœux. (…) Le garçon lui a pris une main dans les deux siennes et lui conte de doux propos. »
Cette dernière création, marouflée au début de l’année 1923, clôt le chantier décoratif de l’Hôtel de Ville de Jean Janvier commencé une décennie plus tôt. Pour prolonger cette exploration esthétique, le Musée des Beaux-Arts de Rennes, invite à découvrir les artistes peintres rennais et leurs compositions, lors d’une magnifique exposition intitulée, Rennes 1922.
Infos + : les peintures sont visibles par le grand public, à condition de respecter le travail des agents d’accueil de la mairie.
