Le Carré Rennais, association des commerçants du centre ville, est dynamique, vraiment dynamique. Elle ne manque jamais une occasion de lancer une animation. Cette fois-ci, elle installe trente boitiers dans des boutiques de notre métropole pour localiser tous les Smartphones connectés au réseau Wi-Fi. « Le but est de connaître le flux de nos clients dans la métropole », explique Isabelle Laperche, directrice du Carré Rennais.
Analyse des flux, uniquement des flux
Durant un an, les commerçants connaîtront vos heures de passage, vos différents lieux de prédilection et vos parcours commerciaux. En contrepartie, ils espèrent adapter leurs horaires de leurs boutiques et leurs offres aux attentes des clients. Rien de méchant a priori, mais voilà sur la toile, les Internautes se déchainent contre l’association. « Dites la CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés), si on n’a pas envie d’être pisté par les commerçants, comment fait-on ? », demande l’un sur Twitter.
Directrice du Carré Rennais, Isabelle Laperche est un peu surprise, voire dépitée par la réaction de certains rennais. « Les critiques négatives ne sont pas du tout conformes à ce que l’on a voulu mettre en place, » explique-t-elle. « En amont, on a validé la légalité de cette opération et énormément communiqué sur notre projet depuis maintenant deux mois ! L’objectif n’est pas du tout de capter les infos personnelles, ni même de faire des opérations commerciales avec des données. »
Mais rien de commercial
« A travers ces expériences-là, ajoute la directrice, il n’est ni question d’identification, ni d’harcèlement publicitaire. Notre opération n’est en aucun cas reliée à des systèmes d’envois de SMS ! De toutes les manières, on n’aura ni le numéro de potable des Rennais, ni le mail, on n’aura rien ! Nous voulons uniquement que le centre ville fonctionne bien. Nous sommes là pour accompagner les commerçants et leur proposer des services. Notre objectif n’est pas du tout là où on le croit. Nous voulons juste optimiser les horaires d’ouverture, répondre aux désidératas des consommateurs, aménager les magasins et étudier leurs parcours des Rennais dans la ville. »
POUR ALLER PLUS LOIN
Petit conseil : pour éviter d’être tracé, il suffit juste de déconnecter sa Wifi…
Pour en savoir plus, l’avis du spécialiste : En cas de collecte de données, qu’en est-il exactement ? « Il y a une méconnaissance totale à l’égard de la collecte d’informations qui génère de l’anxiété chez les gens, » explique le directeur exécutif d’une société spécialisée dans les campagnes digitales. Or, cette anxiété est la plupart du temps infondée car les données que les publicitaires collectent ne sont pas comprises de la part des internautes. Tout d’abord, il faut savoir qu’elles sont totalement anonymes afin de garantir le respect de la confidentialité. Ensuite, elles ont une valeur temps très faible en ce sens où elles sont exploitables sur une durée de quelques semaines, de quelques jours. Finalement, il faut faire attention à ne pas fantasmer sur ce que veulent les régies publicitaires et leurs véritables objectifs business. » Et de poursuivre : « les médias font le buzz autour de l’utilisation des données. Or l’internaute ne s’intéresse pas réellement à la collecte. Ce qui est pour lui anxiogène : c’est la pollution publicitaire ! D’où le succès des « adblockers » qui est colossal à l’échelle mondiale avec aujourd’hui plus d’un internaute sur trois bloquant la publicité. C’est cette publicité que les internautes vont chercher à contrer et non la collecte de données ! En matière d’usage des données, c’est donc le consommateur qui reste le juge de de paix. C’est lui qui fixe les règles, ce qu’il est prêt à accepter et notre écosystème s’y adapte bon gré mal gré ! »
Les réactions des internautes :
Dites la @CNIL si on a pas envie d'être pisté par le @CarreRennais on fait comment? #renneshttps://t.co/Yk7SKpD5LQ
Ping @laquadrature— Yg@l (@Ygalr) February 9, 2017
Serait très curieux de connaître la différence de @CarreRennais avec expe interdite @CNIL https://t.co/j2eEsykar1 https://t.co/FIDot5yl0G
— Romain Cauvin (@romcauvin) February 10, 2017
