« Quand on est battu lors d’une élection municipale, c’est difficile », nous confiait un élu manchois, il y a quelques années. « Mais vivre au quotidien la défaite, c’est encore plus difficile. Vous êtes dans l’ombre du maire. Vous vous débattez pour exister. Si c’était à refaire, je crois qu’après la défaite, je me serais retiré… «
Manifs, blogs et autres tweets
A Rennes, Bertrand Plouvier (droite) représente l’opposition depuis maintenant quelques années. Il doit exister face à une majorité omniprésente dans la presse, dans les dossiers, dans les projets. Pour faire face, il utilise les communiqués de presse, les conférences de presse, les réunions publiques et le conseil municipal. « Ce n’est jamais facile » reconnaît-il en petit comité.
A l’extrême gauche, les opposants sont surtout très présents sur les réseaux sociaux et dans la rue, faute de bénéficier de pages entières dans les colonnes du journal Ouest-France. Ils sont très actifs sur des blogs satiriques ou très sérieux (dont Alter1fo) et dans les rues lors de manifestations contre le pouvoir en place (ou contre l’aéroport Notre-Dame des Landes).
Tout aussi compliquée est sans doute la situation du député Florian Bachelier (République en marche). Sans mandat municipal, l’homme doit user de toutes les ruses pour se retrouver à la une des médias, pour rappeler sa présence aux Rennais. Hormis quelques interviews dans Ouest-France, quelques fulgurances dans le Mensuel de Rennes, il doit profiter de visites ministérielles dans la capitale bretonne pour démontrer son existence politique.
Mais aussi un programme…
Plus qu’un autre, Florian Bachelier a trouvé le remède : le tweet. Il sait ô combien la presse est friande aujourd’hui des petites phrases, des petites polémiques. Encore une fois, il a réussi son petit effet lors de la dernière visite ministérielle du Gouvernement Macron (voir son tweet plus loin). Ce petit tweet rageur a provoqué un buzz médiatique et bien sûr les réactions de la gauche rennaise.
Mais face aux détenteurs des pouvoirs municipaux, l’arme peut se retourner contre soi. Elle peut être à double effet. A Rennes, comme ailleurs, le pouvoir municipal trouve toujours la parade. Il ne laisse jamais une pique sans réponse ayant toujours un second couteau pour apporter la contradiction…parfois virulente.
Mais face au trente ans de socialisme, face aux équipes municipales au service des futurs programmes municipaux, il faudra bien plus que des tweets. Il faudra bien des programmes sur les projets rennais : l’insécurité, la propreté, l’urbanisme…Bertrand Plouvier y travaille, l’extrême gauche aussi. Mais qu’en est-il de Florian Bachelier (ou de sa compagne Carole Gandon) ?
Le point de vue de la rédaction : C’est très compliqué d’être dans l’opposition municipale, les élus n’ont d’autre pouvoir que celui de participer au conseil municipal. Ils n’ont que leur liberté de parole et de ton. Ils n’ont bien souvent ni le temps, ni l’expertise nécessaire pour étudier les dossiers. Et quand ils le font, c’est au prix d’un sacrifice sur leurs activités…. Pour rééquilibrer les pouvoirs, il existe l’Association nationale des élus locaux d’opposition (Aelo) afin de permettre aux élus minoritaires d’être représentés. Mais avouons qu’il faudrait bien plus pour les élus de l’opposition. Certains proposent des bulletins municipaux plus largement ouverts à la parole de l’opposition, des dossiers municipaux communiqués plus longtemps à l’avance et le droit de décider de l’ordre du jour des conseils municipaux. On peut bien rêver…
Le dernier tweet de Florian Bachelier :
Heureux d’accueillir à Rennes aujourd’hui avec mes collègues @LaREM_AN 35 notre Ministre de la Santé @agnesbuzyn Nous nous verrons après l’entretien solitaire « exigé » par @nathalieappere .. ????#dialoguerepublicain #vivreenintelligence pic.twitter.com/I4DppqHjYw
— Florian Bachelier (@F_BACHELIER) January 4, 2018
Un tout pouvoir !
Les maires profitent d’un contrôle de légalité de la préfecture presqu’absent et d’une chambre régionale des comptes sans pouvoir de sanctions.
