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vendredi 19 avril 2024
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CENTRE DES CONGRÈS : COMMENT FAIRE VENIR LES ENTREPRISES ?

En 2018, le centre de congrès va ouvrir ses portes place Sainte-Anne dans l’ancien couvent des Jacobins. Dans deux ans, les Rennais découvriront un lieu d’exception conçu par l’architecte de renom Jean de Guervilly. Mais l’endroit aussi exceptionnel soit-il provoque bien des remous dans la capitale bretonne : il est jugé coûteux, inaccessible et inutile par certains. Qu’en est-il vraiment ?

Dans une ville où le monde économique est rejeté en périphérie, où l’école supérieure de commerce est inconnue du grand public et située à deux pas du périphérique, il est surprenant de voir s’ériger ainsi un centre économique au cœur de la cité de Rennes. « Rien d’étonnant, » explique un spécialiste du tourisme d’affaires. « C’est la nouvelle tendance aujourd’hui. Les grands groupes, les grandes entreprises aiment être dans les villes pour organiser leurs événementiels.»

                                               Rennes à 90 minutes de Paris

Par cette nouvelle construction, Rennes veut attirer le monde de l’entreprise. Elle veut séduire la clientèle du tourisme d’affaires, les organisateurs de séminaires, de conférences, de colloques. « Nous mettons à disposition des entreprises des auditoriums de 1000 places et de 400 places, une salle de congrès de 500 places, 25 salles de commissions, 4 000 m2 d’expositions et de restauration modulables», expliquent en boucle les élus dans nos journaux locaux.

Pour accompagner son offre, le centre de congrès de Rennes proposera des espaces modulables et technologiques. « Nous avons travaillé avec l’architecte l’optimisation de nos salles et de notre auditorium ». Mais bien plus, Rennes propose une nouvelle destination à 90 minutes de Paris par la LGV et à 1 heure d’avion. « La capitale bretonne changera du sud de la France et des lieux parisiens branchés : la cité de la mode, les Musées… », confie un DRH parisien.

                                       Avec des congressistes au milieu des fêtards !

Mais encore faut-il que les Rennais mettent les moyens dans l’accueil ! « Il faut des parkings », explique un spécialiste de l’évènementiel. « Nous passerons des accords de partenariat avec les gérants des stationnements rennais », répondent les gestionnaires du centre des congrès. Mais nous comptons beaucoup sur les transports en commun pour emmener les congressistes aux Jacobins. Même les chefs d’entreprise prennent aujourd’hui le bus ! »

En attendant Guillaume Sarkozy dans le métro rennais…et à défaut de l’emmener en bus jusqu’au centre des congrès, il est un problème numéro 1 : l’insécurité. « Mélanger des congressistes avec la faune de la place Sainte-Anne sera compliqué à gérer pour des élus qui militent en faveur d’un centre des congrès au cœur de la Cité, au cœur des manifestations culturelles et des restaurants !» ironise un proche du dossier.

                                   Rennes devra donner une image dynamique

Mais laissons là la polémique, le problème numéro 1 n’est pas tant l’image de la ville, ni l’insécurité ou l’inaccessibilité du site. Il est tout simplement dans le nombre de grands groupes, d’entreprises qui viendront à Rennes «Les dirigeants choisiront la capitale bretonne par la singularité de son enseignement supérieur, de ses filières économiques, de son offre culturelle et son histoire, » assurent les gestionnaires là encore dans nos journaux locaux.

Mais il faudra bien plus que des mots pour convaincre les grandes entreprises de venir à Rennes. Il faudra mobiliser les réseaux, participer à des salons, faire de la promotion. Il faudra transformer les chefs d’entreprises bretons en ambassadeurs de notre ville auprès de leurs homologues français. Il faudra que les groupes Pinault, Samsic, Le Duff et consorts organisent des évènementiels au centre de congrès. Cela fait beaucoup de si, mais on nous dit que les mentalités changent en haut lieu, que les élus ne voient plus les dirigeants d’entreprise en méchants capitalistes…

Le projet architectural de Jean Guervilly insère le futur palais des congrès dans l'ancien couvent des Jacobins, au c?ur de la ville ancie

 

POUR ALLER PLUS LOIN 

Un projet coûteux et inutile : le Front de Gauche monte au créneau

« Si l’on excepte la première année, 2017, année de lancement avec des dépenses sans recettes, le déficit prévisionnel cumulé, de 2018 jusqu’à 2025 de l’Excédent brut d’exploitation du centre de congrès est de plus de 4 millions d’Euros », expliquent les élus du Front de gauche de Rennes Métropole. Sur notre simulation pas une seule année n’est excédentaire ni même un tant soit peu équilibrée. C’est la mise en place d’un modèle déficitaire quasi pérenne. Il y a bien un problème majeur entre le coût de l’opération, et son usage. » Et de poursuivre : « qu’un service public soit déficitaire ne poserait pas problème s’il était d’intérêt général. Mais là ce n’est même pas le cas. La tarification proposée dans la délibération suivante évacue de facto les petites associations qui ne sont d’ailleurs jamais mentionnées. Seules les grosses structures, les grandes entreprises pourront se payer le luxe du Centre des congrès. Ce n’est en rien un projet fait pour les habitants de Rennes Métropole. Elle est un projet coûteux, un usage qui ne s’adresse pas au plus grand nombre des citoyens de la Métropole, un modèle à base d’une fatalité budgétaire voilà ce qui caractérise cette opération. Elle est à mille lieues de ce que représente une politique de gauche. »

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Qui sont les prochains clients ?

Nous sommes encore loin de l’ouverture du centre de congrès. Destination Rennes, en charge de la gestion du lieu, a du temps devant lui. Mais aujourd’hui peu d’entreprises ont réservé notre salle des congrès. En revanche quelques organismes syndicaux et professionnels ont déjà fait part de leur intérêt.

La capacité hôtelière

La métropole se distingue avec un parc hôtelier de plus de 4 000 chambres dont 2 100 chambres en 3, 4 et 5 Etoiles. « A proximité immédiate du couvent, plus de 2100 chambres sont proposées pour héberger les congressistes. Tout est fait pour faciliter l’organisation de votre événement, » assurent les gestionnaires du lieu. En revanche, un seul hôtel luxueux sera vraiment à proximité du centre des congrès : le prochain projet hôtelier en lieu et place de la BPO rue de la Monnaie.

Un directeur général : homme de réseau

Jean-François Kerroc’h est en charge de la stratégie, l’organisation, la gestion et la commercialisation centre des congrès. L’homme est un spécialiste du tourisme d’affaires. Il fut directeur du développement de la cité des congrès de Nantes, puis directeur général d’Atlantic Events (GIE chargé de promouvoir le tourisme d’affaires et la stratégie événementielle sur le territoire Nantes-Saint-Nazaire-La Baule). 

Jean-Christophe COLLET
Jean-Christophe COLLET
J-C Collet est journaliste et auteur (Lieux romantiques à Paris, Bretagne Chic, On dit qu'en Bretagne, Bretagne pas chère, Livre blanc sur le Nucléaire...).

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